Il y a déjà presque trois mois que je désire rédiger un billet sur l’entrepreneuriat, les doutes et la santé mentale, avec un assaisonnement important de conciliation travail-famille. Rien que ça.
Ironie du sort, c’est justement cet insurmontable défi qui me limite à le faire, tête constamment au ras-de-l’eau oblige.
Ooh, ma page Word est ouverte, mes idées sont bien là, mes innombrables post-it aussi.
Mais dans le concret, le pragmatique et l’urgent, d‘autres priorités prennent le dessus. Colis, gestion, courriels, comptabilité, planification, suivis, chaos domestique, imprévus familiaux. Je repousse et retarde. Comme tant de fois. Il est pourtant essentiel de s’arrêter, de faire le point, d’avoir une vision d’ensemble de ses accomplissements, défis, besoins.
À la moitié de l’année scolaire, il y la fameuse 100e journée. Et la 101e. Vous savez de quoi je parle si vous avez des enfants au primaire (qui ne sont pas inscrits au service de garde) et/ou au secondaire. Vous avez double taches ces journées-là: votre propre journée de travailleure autonome/entrepreneure (c’est tellement merveilleux pour préserver la proximité travail et petite enfance -lisez-vous ici ma belle candeur?) + celle de la marmaille qui se donne le mot pour se survolter/s’arracher les cheveux/ écouter des films à tue-tête/ se qualifier pour un niveau de rébellion national que vous n’aviez pas tant venu venir.
Ces journées pédagogiques furent intenses avec ma toute petite de 5 ans et m’ont autant fait pester que donné du fuel et un bon coup de fouet pour terminer ce billet (deux semaines plus tard!). Ma mère a encore parfois du mal à comprendre – ou accepter que je suis à la maison mais que je travaille et que je ne peux ni ne désire m’étaler au téléphone pour jaser. Compromis pour la 101e journée: je lui ai laissé mes filles, j’ai pu travailler et elle a pu amplement jaser. 😉
Même en travaillant de la maison, vous avez du boulot à abattre. Vous avez besoin de larges plages de réflexion. Être travailleure autonome/entrepreneure, ça signifie souvent être seule et cela, même si on possède un super réseau. Les doutes, la gestion du risque, les décisions potentiellement mauvaises, ce n’est pas le réseau qui les assumeront. C’EST VOUS. Uniquement VOUS. Cette pression génère une angoisse folle et à la longue, cela peut vous fragiliser. (lire cet excellent article de La Presse à ce sujet : La face cachée de l’entreprenariat )
Mais les bons coups vous fouetteront positivement. Ce sont ces bons coups, et vos merveilleux clients qui vous tirent par en-avant, qui vous donnent la force de continuer. Vous focussez là-dessus en tentant de renouveler votre stock de confiance et de succès.
On m’a dit quelque fois que j’avais l’air inaccessible. Trop sûre de moi. Je suis pourtant constamment dans le doute. Dans l’incertitude et sur une vraie de vraie corde raide. Je souffre d’un TAG (trouble d’anxiété généralisé). Non je ne me ronge pas les ongles. Je ne vomis pas mon haut niveau de stress. De l’extérieur, rien n’y parait. J’ai l’air impassible mais en-dedans, j’implose. Je pense constamment. Je travaille trop. Je remets tout en question. C’est comme cela que je cohabite avec mon TAG. (excellent article de La Presse ici Audacieux, visionnaires et tourmentés )
Alors pour me sortir de l’impasse, je m’impose de sortir du doute en prenant un risque. Il me faut une action. Briser le statu quo, ce qui me demande tout mon courage mais qui est (ou peut être) aussi salvateur. Je me lance dans le vide, j’angoisse en tombant et puis… je ne tombe pas de si haut finalement. Parfois ça fonctionne et je suis enthousiaste, parfois ça ne fonctionne pas. Tant pis, je trouvais que l’idée était forte….mais bon. J’encaisse quelques heures (lire que je me dis que je vais tout arrêter, que je ne l’ai pas pantoute) puis j’assume que tout ne peut pas toujours fonctionner et je me relève.
Lorsque j’ai rencontré mon amoureux, je l’ai averti que je me trouvais dans les extrêmes. Je suis une personne excessive. Il m’a répondu que la vertu se trouvait au centre, d’après Nietzsche (j’ai googlé ce matin, dix-sept ans plus tard et pas trouvé de lien entre Nietzsche et cette citation alors il a sans doute juste voulu m’impressionner. 😉 ).
N’empêche. Mon homme, il est quand même un peu ma vertu. Dans ma vie, il est mon équilibre, ma force, ma stabilité (lui c’est dans son désengagement domestique qu’il est dans les extrêmes et qu’il gère du risque…le risque intense que je pète ma coche chaque jour).
J’essaie fort de me forger un “auto-équilibre”, une zone de sérénité. Je suis une personne créative. Je me contraint à préserver ces zones essentielles qui me font du bien. Me déconnecter de l’entreprise est essentiel. La course m’apaise mais je ne cours pas l’hiver. Créer calme mon esprit en constante ébullition. Lire, aussi. Je lis beaucoup. Je m’impose de plus en plus ces zones “sécuritaires” pour lâcher le stress avant qu’il ne m’avale et me détruise.
Et vous? De quelle façon réussissez-vous à apaiser vos démons intérieurs?
Photos: Photo by nikko macaspac on Unsplash
et Patrick Perkins on Unsplash
En ne lisant pas le blogue de ma fille qui
Touve que je l’accapare trop au tel.
Et en changeant mon attention de place.
Très bon billet!
Tu traites avec courage ce que plusieurs vivent. Merci d’avoir partagé!
Bravo! Vous avez le courage d’en parler et ça doit vous faire du bien. C’est un peu une libération. Je suis tout à fait comme vous. Je travaillais temps plein et j’étais gestionnaire immobilier aussi pour beaucoup de logements. Donc plus de fin de semaine pour moi et des doubles chiffres parfois en semaine. Lorsque j’ai eu mes enfants, je ne pouvais plus suivre ce rythme. Première solution, j’ai pris une femme de ménage aux deux semaines pour ma maison. Ensuite, j’ai fait des cours de gestions du stress et j’ai vendu mes immeubles pour prioriser mes enfants et mon travail régulier. Maintenant, je prend des grandes respirations quand je stress, je me dis souvent que la perfection n’existe pas, j’essaie surtout de ne pas me fâché pour des choses futiles et je me dit, est-ce que tu es en train de mourir? Non. Alors ce qui ce passe n’est pas grave, tu trouveras une solution ou tu peux laisser faire car ce n’est pas si important que ça. C’est un travail sur soit qui va durer toute notre vie mais qui sert à changer notre façon de penser et nous aide à voir la vie sous un autre angle. Celui où l’anxiété et le stress ne prennent plus le dessus.